Quand le plus grand séducteur d’Europe inventa… la future Française des Jeux

Venu de sa Venise natale en 1757, l’incroyable séducteur d’Europe (qui conquit 130 femmes en près de 30 ans), Giacomo Casanova débarque à la Cour du Roi Louis XV… et propose un modèle mathématique d’une incroyable ingéniosité qui va révolutionner la richesse et la chance au XVIIIème siècle et deviendra un patrimoine vivant! À seulement trente-trois ans, Casanova ne séduit plus seulement les femmes, mais les rois : il vend à Louis XV une idée lumineuse: faire du jeu une source inestimable de revenu pour le trésor public!

Renflouer une dette astronomique avec la loterie

Le lendemain de la guerre de sept ans, la France n’a plus un sou! Derrière les perruques parfumées et les visages poudrés de la Cour de Louis XV, c’est une catastrophe. Monsieur Casanova a tous les atours pour convaincre en ayant fui les prisons de Venise, fréquenté les milieux aristocratiques de Paris, travaillé avec des financiers et mathématiciens, une Cour et des ministres prêts à faire feu de tout bois, pour proposer une solution efficace de rembourser la dette abyssale!

L’idée est de créer un jeu comportant une mise en s’achetant un “billet”, avec une suite arithmétique basée sur les fameux “chiffres vénitiens”.

L’idée séduit immédiatement la Cour. Pour la première fois, un jeu devient une ressource publique et non un simple divertissement de taverne.

Louis XV signe l’autorisation officielle : la “Loterie Royale de l’Ecole militaire” est née. Elle promet au peuple des gains inespérés et à la monarchie un afflux de liquidités sans lever de nouveaux impôts. Un chef-d’œuvre d’intelligence économique et psychologique, imaginé par un séducteur visionnaire.

Les chiffres vénitiens: le plus grand succès de Casanova

Une combinaison de 5 numéros sur 90 permettant de gagner avec soit-dit en passant une faible chance statistiquement de remporter le pactole! Ce qui est alléchant c’est la répartition des gains en fonction de la probabilité de gagner, avec le savant calcul que le vénitien maitrîsait totalement! Pour 1 chiffre, puis 2 chiffres gagnant, etc… Casanova s’était auparavant enrichi grâce à la chance et au jeu de hasard italien lui permettant de s’installer à Paris.

C’est d’ailleurs le jeu du “Lotto”, qui vient du latin et germain “hlot”, puis “lot” qui signifie part, destin, sort et donc la partie du butin, qu’est arrivé le mot Lotto, le jeu du “Gioco dell Lotto d’Italia” paru à Venise au XVIème siècle.
Beaucoup de loteries régionales en Italie permirent au jeune prodige italien de s’inspirer du modèle mathématique.

Bien entendu, la maison de jeux, et bien c’est l’Etat, et celui-ci aura la garantie d’être toujours gagnant!

Le futur passe-temps parisien reposera donc sur la chance d’obtenir les 5 bons numéros joués au tirage sur le 90! La loi de probabilité est sur le modèle C(n, k)

C (90,5) =5!(90−5)!90!​= 1 chance sur 43 949 268.

Casanova comprenait très bien que structurellement le jeu était très rentable pour l’Etat, et fascinait par le hasard et la science des combinaisons les français!

Le “miracle Casanova”: les billets de Loto s’arrachent dans Paris… Succès populaire et moralement audacieux!

Dans les rues de Paris, la nouveauté fait sensation. Les billets s’arrachent. On parle du “miracle Casanova” — ce jeu où le hasard devient un espoir collectif. Même les philosophes des Lumières s’y intéressent : Voltaire y voit une curiosité mathématique, Rousseau une utopie sociale.

Mais ce qui frappe surtout, c’est le changement de mentalité : le jeu, autrefois suspect, devient une source d’optimisme national. L’idée qu’un simple citoyen puisse, par un coup du sort, changer de vie séduit tout un peuple en quête d’avenir.

De la Loterie Royale à la Française des Jeux

Et puis arrive la Révolution Française de 1789, La loterie deviendra interdite, mais renaîtra sous Napoléon, puis sera modernisée au XXᵉ siècle.
En 1933, elle devient la Loterie nationale, soutenant les anciens combattants.
En 1976, elle prend son nom actuel : la Française des Jeux.
Chaque ticket, chaque tirage, chaque grattage porte encore l’empreinte de cette invention née d’un esprit libre et d’un roi audacieux.

Une seule chose qui change dans le monde de la chance et des probabilités: six numéros gagnants sur 45 au total.
Car même si les chiffres vénitiens permettaient d’amasser une véritable fortune, la probabilité si infime fut améliorée en faveur du peuple, pour pouvoir espérer remporter une cagnotte plus que favorable au tirage au sort!

Le saviez-vous ?

  • Giacomo Casanova gagna lui-même une fortune grâce à la loterie vénitienne avant de proposer le modèle à la France.

  • La “Loterie Royale” rapportait déjà l’équivalent de plusieurs millions d’euros actuels au Trésor.

  • Aujourd’hui, la Française des Jeux reverse plus de 6 milliards d’euros par an à l’État sur son Produit de Jeu Brut par an, perpétuant le pari gagnant du XVIIIᵉ siècle.

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